[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny]
Berchem, 24 juillet 1874.
Mes chères petites Soeurs, mon coeur m’avait bien dit votre deuil, avant que m’arrive votre touchante lettre. Pauvre terre ! on n’y voit que larmes, séparations, douleurs ! Mon Dieu, qu’il est heureux que Jésus y soit avec nous ! Que deviendrions-nous sans Lui ?... Je me demande comment ceux qui n’ont pas la foi supportent la vie, en certaines heures de détresse, d’écrasement du coeur.
Mais nous, nous avons un Dieu pour ami, pour frère, pour époux; Il est là, toujours là... Tout passe, et Il reste; tout nous manque un jour, Il est encore près de nos coeurs, tous disparaissent et Lui ne nous quitte pas ; personne ne comprend la profondeur de certaines de nos blessures intimes, et Lui il compte tout, il sonde tous nos déchirements, Il les adoucit avec une délicatesse divine.
Chacun peut dire Il est à moi, et nul ne me le ravira. Et quand je resterais seule, Il n’en serait pas moins là, aussi doux, aussi tendre, aussi miséricordieux, aussi ami et frère de mon âme.
Voilà ce qui console dans toutes les épreuves; mon pauvre coeur connaît les arrachements, et vous pouvez le croire quand il vous dit que la terre entière est insuffisante pour panser ces plaies-là ; Jésus seul a du baume et il ne le refuse jamais.
[Lettres de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny, fondatrice de la Société des Filles du Cœur de Jésus. - Paris, P. Lethielleux, 1965 – Imprimatur: Luçon, le 11 Octobre 1965. L. Bouet, v. g.]