Un bon moyen de trouver le temps plus court d’ici à votre entrée dans la vie religieuse, c’est de ne pas vous contenter de former sans cesse d’ardents désirs d’atteindre ce but; mais de vous combattre énergiquement vous-même et de vous préparer par le renoncement et le sacrifice, à cette vie à laquelle vous aspirez. Désirer est facile, cela ne coûte rien, et on croit quelquefois être bien fervent parce qu’on désire beaucoup... Se renoncer, se vaincre, coûte, et rudement quelquefois; de sorte que l’âme un peu pares-seuse est plus contente de passer son temps à désirer ce qu’elle attend, qu’à se renoncer dans le moment présent. Cet écueil est un peu le vôtre, ma bien-aimée Fille, et c’est de ce côté qu’il faudrait porter vos soins et voire courage [...}. « Oh! que je serai heureuse, me dites-vous, lorsqu’enfermée dans le cloître, les sacrifices se succèderont sans les choisir! » Dites-moi, je vous prie, chère petite Enfant, si, actueliemnet, dans votre maison, vous ne pouvez pas trouver aisément ce bonheur des sacrifices qui se succèdent sans les choisir? Pourquoi ne vous en emparez-vous pas? Parce qu’il est plus facile de désirer les sacrifices que de les faire; parce que le démon s’inquiète un peu de vous voir bien ardente dans de simples désirs, pourvu qu’en vous poussant à regarder au loin, au lieu de regarder votre route actuelle, il vous aide à ne pas vous occuper de pratiquer avec énergie, actuellement, ce renoncement que vous rêvez pour plus tard. Étudiez votre journée, et vous verrez que d’occasions vous avez de vous vaincre!... (Le 185-186).
[René Laurentin, "Marie Deluil-Martiny. Précurseur et martyre béatifiée par Jean-Paul II. La sainte de Marseille.", Fayard, Paris 2003.]