[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny]
13 août 1875.
Ah! comme on a dit vrai : « Le plaisir de mourir sans peine, vaut bien la peine de vivre sans plaisir ! » Et encore dans le cloître, si l’on vit sans les plaisirs du monde, plaisirs faux et trompeurs, sources de remords ou abîmes de vide, on ne vit pas sans joie et sans consolation, certes : Pas de joies plus innocentes, pas de consolations plus franches, pas de cordialité plus solide et plus vraie, que celles qui sont la part de l’aine religieuse dans sa famille spirituelle. Que dire aussi de cette union à Dieu? Cette union qui fera son bonheur au ciel ne peut pas manquer de faire son bonheur, ou plutôt de commencer son bonheur sur la terre, dans une vie où cette union est si intime, parce que tout y tend, et que rien ne l’entrave. « ø Dieu, quelle « abondance de douceur avez-vous réservée « pour ceux qui vous craignent! Qu’êtes-vous « donc, pour ceux qui vous aiment, et qui vous « servent de tout leur coeur (1)...? » Ce n’est pas pour rien que Dieu a promis le centuple en ce monde, avec la vie éternelle dans l’autre, à ceux qui quittent tout pour le suivre; tout, et ce divin Maître daigne lui-même énumérer ce tout. Son père, sa mère, ses frères, ses soeurs, son époux, ses proches, ses champs, ses biens, et même son âme, c’est-à-dire l’amour de soi-même et de sa vie. Il nomme tout ce qu’il y a de cher et de sacré, pour que nous restions sans excuses, et que nous sachions bien que rien ne prévaut contre ses droits ni la tendresse d’une mère, ni la désolation d’un père, ni la douce affection des soeurs, ni rien de ce que la nature et le monde peuvent avoir pour nous de meilleur et de plus attrayant.
(1) Imit., L. 3, ch. 10.
[Lettres de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny, fondatrice de la Société des Filles du Cœur de Jésus. - Paris, P. Lethielleux, 1965 – Imprimatur: Luçon, le 11 Octobre 1965. L. Bouet, v. g.]