[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny]
Août 1876.
MA PETITE ENFANT,
Vous avez besoin de vous épanouir sous vos feuilles comme une petite violette, au lieu de vous ficeler et renfermer en vous-même, sous prétexte de vraies sottises et faussetés. Croyez-en ma vieille expérience, la première condition pour marcher, c’est d’avoir les jambes libres. Si on les a attachées, on a beau dire En avant, marche !... » et avoir un beau chemin devant soi, on reste en place. Une fois libre, il ne s’agit pas seulement de marcher, mais de bien marcher, par le bon chemin, et d’arriver au but ; c’est là qu’est le hic ! A la liberté des jambes, liberté nécessaire et dont vous vous privez un peu trop contre mon gré, Messire Satanas sait fort bien ajouter les libertés dangereuses, celle de se tromper de route, de sauter dans les précipices, de se casser la tête et les jambes,. de marcher sur les rocs à pic et d’en dégringoler, etc., etc. Ces belles mais funestes libertés, nous sommes d’accord pour n’en pas vouloir. Nous n’avons pas voulu des services de ce monstre, même s’il s’habillait en bel ange du Paradis ! Et nous avons pris pour guide l’Esprit-Saint; pour compagnon de route en même temps que pour voie, vérité, vie, force et but, Jésus ; pour étoile, Marie ; pour protecteurs, les Saints et les Anges. L’abandon et l’amour nous tirent en avant, l’humilité nous sert d’ombrelle la naïve simplicité et la parfaite obéissance nous suivent des deux côtés de la route, comme de célestes garde-fous qui préservent de toutes les chutes funestes dans les précipices voisins. Allez donc tout au large, ma petite Enfant, le coeur ouvert et dilaté, épanoui et confiant ; les petites culbutes sur la route même ne sont rien les petites sautées, etc., ce sont des pierres sur le chemin pour les traverser on fait un plus grand pas, et on avance d’autant. Mais on ne se décourage pas pour cela !
A Dieu, ma fille, épanouissez-vous bien humblement pour que vos petits parfums montent jusqu’au Coeur du Bien-Aimé.
MARIE DE JÉSUS
[Lettres de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny, fondatrice de la Société des Filles du Cœur de Jésus. - Paris, P. Lethielleux, 1965 – Imprimatur: Luçon, le 11 Octobre 1965. L. Bouet, v. g.]