samedi 1 décembre 2012

Nous avons un Dieu pour ami

[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny]

Berchem, 24 juillet 1874.

Mes chères petites Soeurs, mon coeur m’avait bien dit votre deuil, avant que m’arrive votre touchante lettre. Pauvre terre ! on n’y voit que larmes, séparations, douleurs ! Mon Dieu, qu’il est heureux que Jésus y soit avec nous ! Que deviendrions-nous sans Lui ?... Je me demande comment ceux qui n’ont pas la foi supportent la vie, en certaines heures de détresse, d’écrasement du coeur.

Mais nous, nous avons un Dieu pour ami, pour frère, pour époux; Il est là, toujours là... Tout passe, et Il reste; tout nous manque un jour, Il est encore près de nos coeurs, tous disparaissent et Lui ne nous quitte pas ; personne ne comprend la profondeur de certaines de nos blessures intimes, et Lui il compte tout, il sonde tous nos déchirements, Il les adoucit avec une délicatesse divine.

Chacun peut dire Il est à moi, et nul ne me le ravira. Et quand je resterais seule, Il n’en serait pas moins là, aussi doux, aussi tendre, aussi miséricordieux, aussi ami et frère de mon âme.

Voilà ce qui console dans toutes les épreuves; mon pauvre coeur connaît les arrachements, et vous pouvez le croire quand il vous dit que la terre entière est insuffisante pour panser ces plaies-là ; Jésus seul a du baume et il ne le refuse jamais.

[Lettres de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny, fondatrice de la Société des Filles du Cœur de Jésus. - Paris, P. Lethielleux, 1965 – Imprimatur: Luçon, le 11 Octobre 1965. L. Bouet, v. g.]

jeudi 1 novembre 2012

Vocation

[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny]

«Chacun a sa voie et n’a de paix que dans cette voie. La vôtre est toute d’humilité, de vie cachée, de douce et humble cordialité, de silencieux dévouement.»

«C’est une grande grâce de Notre-Seigneur que ce désir qu’il vous donne, contre vous-même, de l’appel… Recevez cette douce inspiration avec reconnaissance; ne vous en tourmentez pas; laissez à Jésus le soin de la faire croître et de la perfectionner… Oui, oui, seulement ce que Jésus voudra, vous ne voudrez jamais rien d’autre, ni moi non plus pour vous. Ce n’est pas vous qui devez faire votre vocation: c’est Jésus qui fera votre vocation, quelle qu’elle soit. Vous n’avez qu’à prier Notre-Seigneur d’accomplir en vous ses desseins selon que son divin Cœur les a formés.»

«Ce n’est pas pour rien que Dieu a promis le centuple en ce monde, avec la vie éternelle dans l’autre, à ceux qui quittent tout pour Le suivre; tout, ses sœurs, son époux, ses proches, ses champs, ses biens, et même son âme, c’est-à-dire l’amour de soi-même et de sa vie. Il nomme tout ce qu’il y a de cher et de sacré, pour que nous restions sans excuses, et que nous sachions bien que rien ne prévaut contre ses droits: ni la tendresse d’une mère, ni la désolation d’un père, ni la douce affection des sœurs, ni rien de ce que la nature et le monde peuvent avoir pour nous de meilleur et de plus attrayant.»

lundi 1 octobre 2012

L’égoisme et la piété ne sauraient vivre ensemble

Comment organisez-vous vos journées? Le matin, avec votre oraison, la messe, vos divers autres exercices, vous devez vous trouver encore libre d’assez bonne heure; vous avez ensuite à caser vos exercices du soir. Dans le cours de la journée, vous avez quelques instants de recuefflement à prendre par ci par là. Le reste du temps, dépensez-vous pour le prochain, pour votre mère surtout; ne vous fixez pas dans votre chambre, ne donnez pas à votre piété le vernis sauvage; notre piété doit être douce, affectueuse, prévenante, attrayante. E...] L’égoisme et la piété ne sauraient vivre ensemble. Certainement, il serait plus commode de vivre en solitude, de s’enfermer dans sa coquille, et de laisser les autres se débrouiller; mais tant que vous êtes dans voire famille, votre vertu doit consister à n’en pas négliger les devoirs en uien, tout en donnant à Notre-Seigneur vos exercices de piété et le constant souvenir de votre coeur...(lbid,Le 187)

[René Laurentin, "Marie Deluil-Martiny. Précurseur et martyre béatifiée par Jean-Paul II. La sainte de Marseille.", Fayard, Paris 2003.]

samedi 1 septembre 2012

Vie religieuse

Une fille m'a envoyé le témoignage suivant.

Je suis une polonaise de 29 ans. Aujourd’hui j’ai la grâce et la joie de vivre dans la maison de Jésus dans la congrégation des Filles du Cœur de Jésus en Venise (Italie). Avec chaque jour qui passe je m’étonne, pleine d’admiration, à voir combien Jésus a été bon avec moi et comme Il continue de l’être. Depuis plusieurs années j’avais le désir ardent de vivre seulement pour Lui, gardant pour Lui mon cœur, sans le partager. Dans le monde, je menais une vie normale, essayant de Lui être toujours proche par la prière et l’adoration, mais je ne voyais pas clairement ma place dans ce monde, je me demandais le mode de vie qui me serait le plus convenable. J’en étais un peu préoccupée, je me sentais même perdue, mais ma confiance en Jésus etait ma force et ma paix. Je portais dans mon cœur le désir d’être proche de Jésus Eucharistique et de connaitre de mieux en mieux la mystérieuse vie eucharistique qui m’attirait, elle étant le principal sujet de mes méditations. A un certain moment de ma vie, mon cher Jésus a usé de certaines personnes et circonstances pour me faire connaitre son projet de bonheur pour moi. Ainsi, j’ai connu le monastère des Filles du Cœur de Jésus et je me suis retrouvée dans leur spiritualité: aimer, consoler le Cœur de Jésus, réparer toutes les offenses qui Lui sont faites, m’unir au Jésus Victime à chaque Messe et tout cela par l’intermédiaire de la Vierge Marie, en étant étroitement unie à son Cœur Immaculé. Etre ensemble avec Jésus pour le Père en priant, en souffrant, en réparant, en aimant et en intercédant pour les pécheurs, demandant leur salut, voilà le programme des Filles du Cœur de Jésus, le but de leur vie et existence. Je suis depuis peu de temps dans le monastère, mais déjà dès mon arrivée ici j’ai expérimenté le soin pour Jésus et je l’expérimente chaque jour d’une façon qui m’impressionne beaucoup et il ne me reste plus d’autre chose à faire que L’aimer toujours plus, contempler sans cesse Sa bonté et Son délicatesse et premièrement Son amour pour moi, en voulant S’offrir à moi de cette façon. Il m’a volée, m’a tirée du jardin du monde pour me planter dans Son jardin clos, ensemble avec d’autres fleurs qui Lui appartiennent et en ayant soin de moi. Les Filles du Cœur de Jésus m’ont fascinée par leur grande fidélité envers l’esprit de leur fondatrice, la bienheureuse Marie de Jésus Deluil-Martiny, ses enseignements et ardentes pensées étant vécus et observés chaque jour, même dans les plus petites choses. Le silence, la modestie, le recueillement, l’esprit de prière édificateur nous permettent de rester toujours proches du Cœur de notre cher Rédempteur qui est ici notre joie, force et bonheur qui ne passent pas, mais qui sont à découvrir et à amplifier. Chaque jour est différent, malgré les mêmes prières, les activités et le travail. Ils apportent toujours quelques chose de différent, par exemple nous nous édifions par une pensée pieuse ou par les mots du sermon d’un prêtre. Ici, le cœur de la vie des sœurs et la Sainte Messe célébrée chaque matin; elle nous fortifie et nous prépare à accueillir une nouvelle journée. Le Saint Sacrement reste exposé depuis le matin et jusqu’au soir et chaque Fille du Cœur de Jésus a l’aimable devoir d’adorer Jésus selon un programme déjà établi. Chaque adoration est une nouvelle rencontre avec Lui et de cette manière nous Le servons par notre présence et devant Lui nous recevons de la lumière, de la paix et du courage, spécialement quand apparaissent les difficultés. Il est notre Médecin et Conseiller. Les Filles du Coeur de Jésus ont comme saints patrons qui les protègent d’une manière spéciale la Sainte Vierge Marie, saint Joseph, le saint Archange Michel et la bienheureuse Marie de Jésus Deluil-Martiny. Ici nous expérimentons leur aide et c’est pourquoi nous sommes pleines de confiance, paix et joie dans la Divine Providence et dans l’aide de nos amis du ciel.

Je dois remercier Jésus d’avoir pensé à moi pour partager Sa vie cachée!

(Lettre signée)

mercredi 1 août 2012

Que Jésus soit aimé de tous les coeurs!

[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny]

«Aimer c’est se donner; aimer c’est se livrer; aimer c’est se sacrifier; aimer c’est s’enchaîner à ce que l’on aime; aimer c’est brûler; aimer c’est se consumer; aimer c’est avoir une si grande soif de voir aimer ce qu’on aime que rien ne coûte pour l’obtenir; aimer c’est chercher partout mille vies, mille cœurs pour les sacrifier et les embraser, et pour les jeter en trophée sous les pas du Bien-Aimé vainqueur.»

«Aimez bien Jésus qui vous a aimée jusqu’à la pauvreté de la crèche, jusqu’à l’humilité de Nazareth, jusqu’au dénuement du désert, jusqu’à l’excès de la sainte Cène, jusqu’à l’agonie du Jardin, jusqu’à la honte du Prétoire, jusqu’aux tourments de la Flagellation et du Couronnement d’épines, jusqu’au martyre de l’adieu à sa Mère, jusqu’au supplice de la Croix, jusqu’à la soif brûlante de sa dernière heure, jusqu’à son délaissement de l’agonie, jusqu’au dernier soupir de son Cœur, jusqu’au coup de lance et à l’épuisement de son Sang par cette Blessure sacrée! Ah! aimez! aimez!»

«N’avoir qu’un amour: Jésus. Qu’un désir: Lui plaire et ne plaire qu’à Lui. Me détruire pour qu’Il vive en moi. Qu’un but: sa gloire, l’extension du règne de son Cœur. Qu’un travail: le faire aimer. Qu’une demeure: la Plaie de son Cœur au tabernacle. Ne plus mettre de bornes à l’amour. Désespérer de moi et tout attendre de Lui.»

dimanche 1 juillet 2012

Confiance et courage

Confiance et courage; tenons notre cœur en haut, avec Jésus, notre âme dans le Tabernacle, et tout notre être dans la petitesse, l’humilité, l’abaissement. Petite et simple comme une enfant, voilà votre devise actuelle. Plus tard, on fera plus, avec la grâce. Quand Jésus vous le dira, ne craignez pas les petits actes de simplicité qui humilient l’esprit humain et l’amour-propre. Se renoncer et s’abaisser! (4 juillet 1873, Le 190)

[...] Faites-vous petite, petite, si petite, que Jésus seul vous aperçoive. Satan redoute les humbles. Et puis, méditez cette parole: Et ils ne virent plus que Jésus seul! (Mt 17, 8) Ah! ne voyez plus que Lui dans tout ce que vous devez aimer pour Lui. Votre coeur est si petit! Faut-il encore le partager pour l’offrir à ce divin Jaloux des cœurs ?... Vous avez tout quitté de vos affections de la terre; ne raccrochez rien pour vous des affections spirituelles et de devoir. Petite et seule: méditez cela. Petite par l’humilité [...]. Seule, par le détachement de tout ce qui n’est pas Jésus, par la vue de Jésus seul en votre pauvre Mère et en vos chères Soeurs, par le renoncement à vous-même (Ibid., Le 191).


[René Laurentin, "Marie Deluil-Martiny. Précurseur et martyre béatifiée par Jean-Paul II. La sainte de Marseille.", Fayard, Paris 2003.]

vendredi 1 juin 2012

Expérience vocationnelle

Une jeune fille m'a écrit pour me raconter son expérience vocationnelle chez les Filles du Coeur de Jésus fondées par la zélée Bienheureuse Marie Deluil-Martiny.

Cher D.,
              Je ne trouverai jamais assez de mots pour te remercier de m'avoir conseillé le couvent des Filles du Coeur de Jésus. Ca a été une expérience extraordinaire qui a allumé un grand feu dans mon coeur. Ces soeurs semblent être des anges blancs sur terre. Elles m'ont accueillie avec beaucoup de disponibilité et d'amour. Cela se voit qu'elles aiment ardemment les Coeurs de Jésus et Marie. Leur prière ne cesse jamais, un hymne continu de louanges jusqu'au plus haut des cieux, sans signe de fatigue mais avec joie et amour. En ces jours, j'ai prié intensément et j'ai demandé au Seigneur quelle voie Il veut que je suive pour L'aimer de plus en plus. Aujourd'hui pendant la Messe, avant de partir, durant le dernier chant d'adoration avec le Très Saint exposé, mon coeur s'est mis à battre la chamade et j'ai commencé à pleurer presque contre ma volonté et j'ai ressenti une émotion indescriptible, à quel point Jésus nous aime, son Coeur bat ainsi pour nous !!!

Encore merci pour toute ta précieuse aide !

Bons baisers dans les Coeurs de Jésus et Marie !!

(Lettre signée)


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Les jeunes qui veulent passer quelques jours de retraite spirituelle dans le monastère de clôture des Filles du Cœur de Jésus de Marseille pour discerner leur propre vocation, peuvent les contacter en écrivant à ces adresses:

Monastère des Filles du Cœur de Jésus
68 Traverse de la Serviane
Les Trois Lucs
13012 Marseille

Tél. 04 91 93 43 46

lundi 7 mai 2012

Spiritualité de la Bienheureuse Marie Deluil-Martiny

Méditations audio sur la spiritualité de la Bienheureuse Marie Deluil-Martiny, Fondatrice de la Société des Filles du Cœur de Jésus.

jeudi 26 avril 2012

dimanche 1 avril 2012

Vous souffrez, c’est le meilleur

[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny]

A UNE SOEUR MALADE,

29 avril 1877.

Enfin, ma fille, vous êtes la bénédiction de la maison ; ne croyez pas être inutile ; vous souffrez, c’est le meilleur. Vous méritez des grâces à celles qui agissent et votre impuissance apparente est bien féconde. N'oubliez pas de suivi du fond de votre cellule Jésus Immolé d’autel en autel, d’heure en heure, offrant ce calice d’amour, d’expiation et d’action de grâces, sans cesse suspendu entre le ciel et la terre, et y mêlant vos souffrances, votre immolation à toutes les fins de l’Institut, et pour les âmes que Dieu y appelle... O ma fille, c’est assez pour remplir votre vie !

[Lettres de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny, fondatrice de la Société des Filles du Cœur de Jésus. - Paris, P. Lethielleux, 1965 – Imprimatur: Luçon, le 11 Octobre 1965. L. Bouet, v. g.]

jeudi 1 mars 2012

Amour-propre

[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny]

29 juillet 1876.

Bénissez Notre-Seigneur qui soulève un petit coin de ce malheureux voile de l’amour-propre, qui cache à l’âme ses grandes misères ; hélas ! qu’il est vrai pie la perfection prétendue du monde ne tient pas en face de la vérité, entrevue même au début de la vie religieuse ! ... Confiance dans l’humiliation du coeur; Dieu donne la lumière et la grâce; à nous de les suivre et d’en profiter dans l’humilité et la paix. C’est que ce doux Maître veut nous arracher nos haillons pour nous revêtir de lui-même. Aidons-le par la fidélité. Pour le moment, baignez-vous dans cette lumière qu’il vous a donnée, de votre pauvreté spirituelle, de vos défauts, de votre néant. Restez à ses pieds sous ce rayon, et répétez-lui humblement « Seigneur ! celle que vous aimez est malade... » Contentez-vous de vous humilier et d’être fidèle, si la grâce demande quelques petits actes. Le reste viendra plus tard; et la nature ne va pas céder en un jour... Mais tout est possible avec la grâce, avec la bonne volonté, et l’humble simplicité vis-à-vis des supérieurs...

A l’oeuvre donc ! Jésus qui vous a appelée des ténèbres du monde à son admirable lumière vous donnera la force ; et de son Coeur, votre asile et votre refuge, vous viendront la grâce, le salut et la paix.

Ayez devant les yeux l’humble et doux Jésus et faites effort pour l’imiter en son ton, ses paroles, ses procédés, ses démarches ; dites-vous souvent : « Je ne suis pas venue ici pour être servie, mais pour servir », et agissez en conséquence. Considérez-vous comme une pauvre, acceptée par charité, et prenez le ton, l’attitude et les manières qu’exige cet humble état. Chaque fois que l’habitude ou les ruses de l’amour-propre trahiront votre bonne volonté, humiliez-vous aux pieds de Notre-Seigneur et dites-lui : « Jésus doux et humble de coeur, rendez mon coeur semblable au vôtre. » Et comptez que Satan vous voyant décidée à le combattre sur ce point qui répugne tant à son orgueil, vous attaquera plus fortement là-dessus. Mais, confiance. Jésus a vaincu le monde. et Satan, et par Notre-Seigneur, vous les vaincrez aussi pourvu que vous deveniez humble!

[Lettres de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny, fondatrice de la Société des Filles du Cœur de Jésus. - Paris, P. Lethielleux, 1965 – Imprimatur: Luçon, le 11 Octobre 1965. L. Bouet, v. g.]

mercredi 1 février 2012

Immolation de victimes

[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny a propos des Filles du Cœur de Jésus]

«Comme Marie, sur le Calvaire, a offert le premier et grand Sacrifice, unie au Prêtre éternel, Jésus-Christ, et a renouvelé chaque jour ce Sacrifice par les mains de Saint Jean, ainsi ces âmes offriront Jésus-Hostie, immolé d’autel en autel par toute la terre, d’heure en heure, unies à tous les Prêtres du monde, célébrant de cœur avec eux, ‘suivant l’Agneau partout où il va’, partout où il s’immole.

Aussi peut-on dire combien elles devront avoir l’Esprit du Calvaire, ni dans quelle plénitude, par la miséricorde du Cœur de Jésus, leur seront conférés les mérites du Précieux Sang du Sauveur immolé, pour l’employer au salut du monde, mais surtout de ceux qui doivent être, par la sainteté de leur vie, la lumière du monde, c’est-à-dire des âmes Sacerdotales et des âmes consacrées à Dieu. […]

Enfin, Marie, par l’excès de sa douleur au Calvaire, a enfanté en la personne de Saint Jean, tous les Prêtres. Là, elle en a été faite l’Institutrice et la Mère; c’est pourquoi ensuite, au Cénacle et dans les premières années de l’Eglise, elle a formé, nourri et instruit les Apôtres, les Prêtres. Par Elle, comme un canal, sont arrivées toutes les grâces nécessaires au Sacerdoce.

Ainsi les Filles du Cœur de Jésus, seront-elles les aides, les auxiliaires des Prêtres. En même temps que l’exercice de leur mystique sacerdoce et de leur immolation de victimes, glorifiera Jésus-Christ et Marie, tous les mérites de ces états seront exclusivement consacrés au salut des Prêtres et à la réparation des blessures que font au Cœur de Jésus les âmes de ceux qui faillissent à leur éminente vocation.

Les Religieuses de cette Congrégation feront une profession spéciale de se dévouer au Prêtre, d’aider le Prêtre, de sanctifier le Prêtre, par leurs quotidiennes et incessantes immolations. Elles formeront une phalange invisible et cachée, qui soutiendra les bras du Prêtre, fertilisera ses travaux, et l’aidera à atteindre la sublimité de sa vocation.»

dimanche 1 janvier 2012

Abandonnez-vous à la bonté de Notre-Seigneur

[Dans les écrits de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny]

A une Postulante

Marseille, 23 avril 1876.

MA CHÈRE PETITE SOEUR,

J’ai bien regretté de ne pouvoir répondre plus tôt à vos lettres, si délicates, si vraiment filiales, et vous envoyer un mot d’encouragement. Mais il a plu à Notre-Seigneur de m’éprouver d’une façon bien douloureuse, par la mort de ma bien-aimée et excellente mère, la seule personne de ma nombreuse famille qui me restait au monde, car j’ai vu mourir tous les autres. Vous pensez que ce nouveau coup a rouvert les anciennes plaies de mon coeur; mais j’adore les desseins de Notre-Seigneur et je baise sa main divine, en répétant le fiat du fond de mon âme. Ma mère est morte comme une sainte ; priez M..., quand vous la verrez, de vous raconter les détails que lui donne à ce sujet ma Soeur X...; ils vous intéresseront. Elle a promis de prier pour vous là-haut, près du Coeur de Jésus.

Je compatis profondément à la peine que doit forcément vous causer l’attente de votre entrée en religion, attente prolongée par Notre-Seigneur lui-même, puisqu’elle est occasionnée, non par votre volonté ou votre choix, mais par des événements de Providence, aussi inattendus que douloureux, auxquels nous ne pouvons rien changer. Persuadez-vous bien, chère enfant, que tout tourne au bien de ceux qui aiment Dieu ces événements de Providence, ces croix imprévues, ces contre-temps inévitables, portent avec eux une grâce que la souffrance nous communique, et qui est plus profitable à nos âmes que la réalisation immédiate de nos plus saints désirs. II faut savoir tout modérer, et vous n’êtes pas la première que Dieu, d’une façon ou d’une autre, arrête au bord de la terre promise et fait mûrir par le retard. Une vocation vaut ce qu’elle coûte, ordinairement : se présenter, être admise, supporter quelques combats intérieurs et quelques petites oppositions de sa famille, qu’est-ce donc pour acheter cette grande grâce de l’entrée et de la persévérance en religion ?... Alors Dieu donne quelque autre épreuve; quelquefois, c’est la santé altérée qui prolonge l’attente, jusqu’à faire parfois craindre de n’arriver jamais; d’autres fois, la famille se réveille tout d’un coup et exige des délais nouveaux; ou un deuil force à tout remettre, vu la désolation et es exigences de l’entourage, etc., etc. Pendant ce temps, la petite plante pousse des racines, le coeur s’échauffe de saints désirs, l’âme se purifie et se détache par le renoncement à ses petits plans de retraite, la vocation se fortifie et se mûrit ; c’est un grand bien. Laissons faire Dieu quand c’est lui qui nous retarde dans l’accomplissement de nos voeux, il n’y a rien à craindre et il y a beaucoup à gagner. Or, jamais ce n’est plus directement Dieu qui agit que dans les événements de Providence, indépendants de notre volonté, comme la maladie, la mort, etc. Je suis consolée de penser que le coup, pour vous donner la grâce consolidante de l’attente, a frappé sur moi, plutôt que sur vous, par un malheur personnel.

Ranimez donc votre courage, et que Notre-Seigneur vous trouve ferme et persévérante; les Vierges sages ne seraient pas entrées au festin des Noces, si, voyant prolonger leur attente dans la nuit, elles s’étaient lassées d’attendre ou si elles étaient allées courir à droite et à gauche en se lamentant et en fouillant tous les chemins par où 1’Epoux pouvait arriver, au lieu de l’attendre là où elles devaient demeurer pour cela ; elles auraient très bien pu, au milieu de leurs recherches, être en une route pendant qu’Il arrivait par l’autre, et, le manquant au passage, arriver trop tard, lorsque les portes étaient closes. Imitez leur patience, leur prévoyance et leur recueillement. Abandonnez-vous à la bonté de Notre-Seigneur, endormez-vous dans les bras de la Providence ; et, au milieu de cette nuit de l’attente, vous ne tarderez pas à entendre crier : « Voici l’Epoux qui vient, allez au devant de Lui ! (1) » Alors, vous vous lèverez, généreuse, et, avec la lampe que vous aurez remplie d’avance de l’huile de vos bonnes oeuvres et de vos sacrifices, vous vous hâterez à la suite du divin Epoux, jusqu’à la salle du festin, dont les portes se fermeront entre le monde et vous pour toujours. Cette heure fortunée va sonner pour vous, ma chère fille, pendant le mois de notre Mère du Ciel. Ainsi, tenez-vous prête. Ecrivez-moj un mot, afin que je sois fixée moi-même sur votre exactitude pour le 25 ou 31 mai. D’ici à ce moment, préparez votre lampe spirituelle, et ne vivez plus que pour Jésus seul. Courage et confiance ! Comptez sur mon affection maternelle et mon entier dévouement; il me tarde de vous voir toute à Jésus.

Priez beaucoup pour ma pauvre mère et pour moi.
MARIE DE JÉSUS.

(1) Matth., 25, 6.

[Lettres de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny, fondatrice de la Société des Filles du Cœur de Jésus. - Paris, P. Lethielleux, 1965 – Imprimatur: Luçon, le 11 Octobre 1965. L. Bouet, v. g.]